Celle du ruisseau « qui file, lisse et pure, sous le couvert d’une forêt percée d’éclats de lumière… ». La lumière, justement ! douce à l’aube, fantastique au crépuscule ; lumière oblique qui effleure la lande marine, ou « lumière vive qui tape férocement sur le blanc de la chute, irisant ses éclats éphémères ». Lumière d’été, d’hiver, lumières-couleurs… Ces pages sont pleines de lumière. La terre, enfin, « Cette terre vivante, molle ou dure, humide ou sèche, lardée de grands coups de vagues… », ses végétaux aux couleurs crues, ses roches « aux formes humaines et animales »…
Ainsi s’élabore, par l’alchimie du regard et de son objet, une cosmogonie personnelle. Géants de pierre, cascades fées, houles surhumaines et vivantes, terres innocentes ou fantasmagoriques : les photographies de Dominique GROS recréent un monde originel qui oublie l’homme. Elles font de nous le promeneur qui « avance à pas lents dans la rêverie d’une nature échevelée, à peine sortie de son enfance tumultueuse ». « Le paysage rend sage ? Peut-être, à condition, naturellement, de savoir le regarder. »
Ses livres nous apprennent à le faire.
Martine Charreyre